Melanie Janisse-Barlow
Melanie Janisse-Barlow
Démarche artistique
Beaucoup d’entre nous ont un Rolodex d’images que nous avons rencontrées et qui sont gravées dans notre mémoire. Ces images sont des scènes importantes de notre vie quotidienne ou même des images puissantes qui nous interpellent depuis l’éther de nos appareils cellulaires. Il se peut que nous ne nous souvenions même pas s’il s’agit d’une photographie que nous avons vue ou d’une impression provenant de la vie elle-même. Quoi qu’il en soit, leur pouvoir et leur aura rendent ces images plus grandes qu’eux-mêmes. Nous y revenons souvent, car ce sont des images — peut-être des milliers d’images — qui nous plaisent. Elles nous parlent d’une manière que nous ne sommes peut-être même pas capables de verbaliser.
Melanie Janisse-Barlow, peintre basée à Windsor (Ontario), a sa propre réserve de ces images. Elles ont hanté sa pratique artistique, sont restées dans sa conscience, ont créé des passages dans ses œuvres. L’acte de les sortir de l’intimité des archives et de les restaurer dans un lieu d’authenticité apparente forme le processus léger que Janisse-Barlow explore dans Jeux de gobelets, sa nouvelle série de peintures présentée à Art Toronto, du 27 au 30 octobre 2022, au Metro Toronto Convention Centre et à la Galerie Youn pour une exposition solo dès le 1er décembre 2022.
« J’ai toujours été frappée par le fait qu’il y a beaucoup à dire sur ce qui est éphémère, ce qui est permanent, ce qui est perdu et ce qui est gagné », a déclaré Janisse-Barlow à propos du processus consistant à prendre ces images largement dépourvues de contexte, mais étrangement contiguës, et à les rendre à l’acrylique sur toile et panneau, impliquant essentiellement l’aura que le critique allemand Walter Benjamin avait prévue dans l’ère toujours plus rapide de la reproduction technologique de l’art, en les réencapsulant, de l’éther de son esprit dans des œuvres peintes.
Des clients parcourant une galerie forment la toile de fond, tandis qu’une silhouette s’approche de l’observateur dans un tourbillon platine de franges pailletées. Un poète est assis en contemplation tranquille, le regard jeté vers le bas à travers les montures rondes de ses lunettes, un tatouage de carte de tarot visible sur son bras nu. L’artiste elle-même, dans une tenue extravagante à imprimé floral, partage un moment de lumière avec une serveuse dans un café. Un bac à fleurs constellé d’innombrables coquillages surplombe le spectateur depuis son perchoir sur un grand porche américain sur l’île de Mackinac. Les images sont disparates, mais étrangement connectées. Ce sont des miettes de pain qui mènent à quelque chose.
« J’ai du mal à expliquer pourquoi ces images sont mes images », dit Janisse-Barlow en parlant de la série d’œuvres. « Il y a une vibration en elles, une atmosphère. Elles résonnent toutes étrangement ensemble dans mon esprit, le long d’un certain continuum de couleurs, de formes, de sensations, de tons, de thèmes. J’aime que le thème soit fluide. Cette fluidité fait partie de ce qui m’attire, l’urgence de créer un analogue pour eux. »
Les œuvres qui composent Jeux de gobelets dégagent une présence, même si cette présence est imparfaite ; elles examinent la pluralité et la reproductibilité des images lorsqu’elles passent sans effort et instantanément à travers nos expériences, nos appareils et nos esprits. Janisse-Barlow explore ce qui se passe si elle arrête ce processus et utilise la technique plus lente de la peinture pour revigorer l’image, redonnant en fait à ces impressions l’aura transitoire et liminale de l’authentique.
Biographie
Née à Windsor, en Ontario (Canada), Melanie Janisse-Barlow (baccalauréat en communications, 1992, Université Concordia, Montréal ; baccalauréat en beaux-arts, 2000, ECAIDU, Vancouver ; maîtrise en beaux-arts, 2014, Université de l’ÉADO, Toronto) a des œuvres dans des collections privées du monde entier. Ses œuvres font partie des collections permanentes du Fisher Building et de Chroma à Détroit, au Michigan. Des œuvres de Jeux de gobelets ont été présentées à Art Toronto 2022 avec la Galerie Youn. Elle a été invitée à exposer une série de ses œuvres à grande échelle à Détroit, à l’automne 2023, dont le lieu reste à déterminer. Sa série en cours Poets Series, une série de portraits de poètes nord-américains, a obtenu une couverture médiatique nationale au Canada et aux États-Unis. Ship of Fools, une installation sur un voilier Shark de 24 pieds, a été présentée à Toronto et sur le lac Saint-Clair pour le festival de films Media City. Ses œuvres commandées comprennent un portrait du juge Edward Ducharme pour les salles de la Cour supérieure de l’Ontario. Son travail a été présenté par la galerie Luft de Toronto, et elle est l’autrice de deux recueils de poésie : Orioles in the Oranges (Guernica, 2009), et Thicket (Palimpsest Press, 2019). Avec la Galerie Youn, elle présentera son travail à venir à Art Palm Beach et à d’autres foires internationales en 2023.